Franck Riester, ministre de la Culture, a confié en avril 2019 à Bruno Racine, conseiller maître à la Cour des comptes, une mission prospective sur l’état des mutations que les activités de création ont pu connaître ces trente dernières années. Son rapport ” L’auteur et l’acte de création” vient d’être publié.
“La désintermédiation et la diffusion à grande portée des œuvres grâce aux plateformes font courir un risque de surproduction et de destruction de valeur, sans résoudre le lien de dépendance des artistes-auteurs envers les acteurs de l’aval.”
Quelle désintermédiation !? La désintermédiation était justement le rêve des artistes à la naissance d’Internet qui pensaient pouvoir directement distribuer leurs oeuvres à leur public qui devenait distributeur en sus d’être consommateur. La superdistribution symbolisée par Napster et autres fournisseurs de logiciels de partage en P2P devait permettre à chaque utilisateur de devenir distributeur des oeuvres. Pour permettre une juste rémunération, certains osaient défendre une rémunération équitable par la mise en place d’une licence globale contre les acteurs puissants de l’industrie culturelle qui y voyaient la perte de leur très lucratifs revenus de distribution et de leur pouvoir sur les artistes, notamment en terme de rémunération. Résultat : l’industrie culturelle dépend aujourd’hui de quelques grandes plateformes d’origine US qui imposent leurs conditions de distribution et les artistes voient leur rémunération dissoute dans la masse, phénomène que le rapport entend régler à coup de subventions publiques et de négociations professionnelles. Voilà le résultat d’une politique partisane en faveur des opérateurs télécom et des gros acteurs de l’industrie culturelle qui ont vu Internet comme une menace pendant que d’autres profitaient des erreurs stratégiques pour s’accaparer le quasi monopole mondial de la distribution des œuvres de l’esprit.
https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/L-auteur-et-l-acte-de-creation