“La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude“ (Aldous Huxley)
“La liberté politique contribue à rendre les hommes dignes d’elle, à en faire des citoyens, ni conformistes ni rebelles, critiques et responsables” (Raymond Aron)
“On ne nourrit pas l’injustice en la dénonçant mais en la taisant“ (Kery James)
Face à l’impuissance des pouvoirs publics, nous devons croire au réveil citoyen pour lutter contre les injustices et préserver la démocratie. Parmi les injustices et menaces contemporaines pour la démocratie, nos libertés fondamentales et notre souveraineté, les GAFAM jouent un rôle prédominant.
J’ai grandi avec (Apple, Microsoft) et ai vu naître les GAFAM à l’époque où j’analysais, dans le cadre de mes études et en qualité de juriste en charge des partenariats stratégiques, leurs offres et modèles économiques (Google, Facebook). Contrairement aux portails internet et moteurs de recherche (Yahoo !, AOL, Wanadoo, etc.) dont la page d’accueil surchargée de publicités et contenus mettaient un temps interminable à s’afficher à l’époque du bas débit (56k/s), Google promettait à l’époque un moteur de recherche sans publicité.
Google est devenu depuis le leader de la publicité Internet rattrapé par Facebook grâce à une politique très agressive d’acquisitions d’entreprises concurrentes ou complémentaires (killer acquisitions), à l’exploitation massive des données personnels des utilisateurs sans leur consentement, à l’exploitation de contenus culturels et d’information sans l’autorisation des créateurs, éditeurs et producteurs, et à la diffusion de contenus haineux et fake news vecteur d’audience et de recettes publicitaires. Quant à Amazon, leader des marketplaces, la distribution de contrefaçon et la précarité n’ont jamais connu un tel essor, et ce avec un cynisme déconcertant.
Enfin, la fraude à la loi maquillée en optimisation fiscale appauvrit ceux qui croient encore que ces acteurs sont là pour innover et protéger leurs libertés alors que leur prédation et leur irresponsabilité les menacent au quotidien.
Contrairement à ce qu’ils arguent à chaque procès relatif à la violation de droits des tiers dont ils sont multi-récidivistes, les GAFAM n’agissent pas pour préserver nos droits et libertés fondamentales mais uniquement pour maintenir leurs positions dominantes et revenus subséquents. Leur position dominante est telle que les GAFAM ont réussi à se persuader et à nous convaincre que nous dépendions d’eux alors même que c’est eux qui dépendent de nous, de nos données, de nos contenus. Et quand vous osez solliciter un partage équitable de revenus, les GAFAM décident de supprimer vos contenus plutôt que de partager les revenus avec ceux qui leur permettent de les générer. L’expérience des médias australiens, espagnoles, français , etc. démontre que les GAFAM contournent les règles à leur seul profit et se comportent comme des voyous du web.
En 2020, j’avais donc décidé de me passer le plus possible d’Amazon qui détruit beaucoup plus d’emplois qu’il n’en créée et qui est devenu le champion du monde du “foutage de gueule” en matière de contribution fiscale. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter les pseudo-réponses faites par son Directeur Général Frédéric Duval aux questions de la Commission des affaires économiques du Parlement français qui, rappelons-le, nous représente.
Pour 2021, j’ai pris la décision de me désabonner de Facebook qui a participé à l’espionnage des citoyens du monde entier (affaire Snowden), à l’élection du plus fake president que le monde libre ait pu connaître (affaire Cambridge Analytica), à la déstabilisation du monde arabe avec une étrange simultanéité et les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui, à la publication de discours de haine et à la désinformation, à la violation des droits de Propriété Intellectuelle des créateurs, producteurs et titulaires de marques ainsi que des données personnelles de ses utilisateurs, etc. Multirécidiviste dans la violation protéiforme des droits des tiers et n’offrant en contrepartie aucun service ni aucune richesse réelle, je ne vois donc aucune raison de continuer de croire en un réseau qui n’a aujourd’hui de social que le nom.
Pour vous encourager à suivre progressivement cette démarche citoyenne de manière éclairée et contraindre à terme ces acteurs à enfin adopter des pratiques éthiques et vertueuses et nous reconquérir, je vous conseille vivement la lecture des rapports du Congrès américain et de l’autorité de la concurrence australienne, et l’excellent résumé qu’a pu en faire la Lettre du petit Web.
En 2019, le congrès américain a lancé une enquête sur la concurrence dans les marchés digitaux afin d’examiner si les GAFAM se conduisent de manière anticoncurrentielle en abusant de leur rôle d’intermédiaire pour :
• prélever des commissions exorbitantes et exploiter les données des acteurs qui dépendent d’eux;
• maintenir leur position sur le marché en surveillant leurs concurrents potentiels et en les rachetant ou en les copiant;
• pour augmenter leur domination en favorisant leurs offres, en fixant une politique de prix prédatrice, ou en excluant des acteurs qui les menacent.
Ce faisant et contrairement à ce qu’ils prétendent, ils réduisent l’innovation et le choix pour les consommateurs et affaiblissent l’économie.
“Nous devons faire nos choix. Nous pouvons avoir la démocratie, ou la richesse concentrée dans quelques mains. Mais nous ne pouvons avoir les deux. Le congrès doit moderniser la loi pour nous assurer que l’économie reste vivace et ouvert dans l’ère digitale et s’assurer que les agences antitrust fassent respecter la loi de manière très ferme. Nous avons découvert pendant cette enquête que les agences antitrust ont échoué, à des moments clés, à arrêter les monopoles qui écrasent leurs concurrents et à protéger le peuple américains des abus des monopoles” (Louis Brandeis, juge de la Cour suprême)
Le constat est simple : plus les GAFAM grossissent, moins il y a de place pour les autres :
• Les marché des réseaux sociaux, moteurs de recherche et de la publicité en ligne sont dominés par seulement une ou deux de ces sociétés;
• Dans 10 ans, 30 % du PNB mondial pourrait provenir de ces acteurs;
• La création d’emploi dans le high tech est passée de 20 % à 10 % en dix an; etc.
Le rapport souligne que la position dominante des GAFAM a diminué le choix proposé au consommateur, érodé l’innovation et l’entreprenariat, affaibli la presse et menacé la vie privée.
GAFAM : cool ou pas cool ?
Google a été lancée en 1998 comme moteur de recherche à une époque où la concurrence était très importante. Côté utilisateur, sa promesse était de ne pas afficher de publicité contrairement à ses concurrents. En deux ans, Google est devenu le principal moteur de recherche mondial. Puis Google lance Adwords en 2000 permettant aux annonceurs d’acheter des mots clés pour apparaitre sur les résultats de recherche. Une évolution pour Google mais certainement pas une innovation puisque Espoting et Overture avaient ouvert la voie des liens sponsorisés. Mais à l’époque, la plupart des internautes ne sont pas au courant de la différence entre les résultats du référencement naturel et ceux du référencement payant (publicité), ce qui constituait une tromperie du consommateur induisant en erreur l’Internaute et dégradant la qualité des réponses aux recherches. Les dépenses publicitaires ont ainsi augmenté parce que Google a rendu plus compliqué le référencement naturel.
“Si le marché du search était équitable, il y aurait quatre fois plus de contenu en ligne, améliorant le web pour le consommateur. Le consommateur est pénalisé non par le manque de contenu, mais le manque de contenu de qualité (…) Si Google avait des concurrents, il ne montrerait pas une page entière de publicité pour autre chose que ce que vous cherchez. Ils ne seraient jamais arrivés au monopole avec un tel design. C’est le gâchis lié à une domination totale”
Aujourd’hui, Google est devenu le plus grand fournisseur de search (Google search), de publicités, de navigateur (Chrome), d’OS (Android), d’AppStore (Google Play Store), de vidéos (Youtube) et un fournisseur majeur de services cloud (Google Drive) de photos (Google Photos), de navigation (Google Maps), de messagerie (Gmail) et d’assistant vocal. Chaque service fournit à Google des données d’utilisateurs et de potentiels concurrents. Par exemple, les utilisateurs de Google Play store ne peuvent télécharger une application s’ils n’ont pas de compte Google. Combiné à la data de localisation, Google construit des profils qui enregistrent les données démographiques de la personne, l’endroit ou elle vit, où elle va, quelles apps elle utilise à quel moment et pour combien de temps. Ces données sur des milliards de personnes et sur les applications concurrentes émergentes accentuent la domination de Google.
De 2011 à 2013, la FTC a enquêté sur Google et son rôle dans le search et la publicité en ligne et a recommandé des poursuites, recommandations restées étrangement sans suite. Les Etats du Missouri, du Mississipi et le Texas ont investigué la société et en 2019, 50 juges de différents états ont annoncé ouvrir une enquête. Le Département de Justice a lancé des poursuites en 2020. Google a été condamnée par des amendes par la commission européenne, la France, l’Inde et la Russie. Et pourtant, Google est encore là grâce à nous, consommateurs, les pigeons du numérique et à cause du manque de culture du numérique et de la lâcheté de nos élus.
Google détient, grâce à nous, le monopole du marché des moteurs de recherche cloisonné par deux barrières à l’entrée : ses données sur les recherches et les clics effectués, et sa position de moteur de recherche par défaut sur la plupart des terminaux et des navigateurs dans le monde entier. Ainsi, de nombreuses sociétés dépendent de Google sans pouvoir disposer de choix alternatif. Google a maintenu son monopole par des pratiques anti-concurrentielles consistant notamment à promouvoir ses autres services sans énoncer clairement qu’il s’agissait de publicité pour ses autres produits. De nombreux acteurs comparent Google à un gatekeeper qui rackette ses utilisateurs pour l’accès à sa chaine de distribution. Google fonctionne ainsi comme un écosystème de monopoles interconnectés. Google a par ailleurs développé des outils de surveillance en temps réel pour mieux surveiller ses concurrents actuels ou à venir. Google a donc un double discours : prétendant être gardienne de la liberté d’expression, Google combat l’obligation de déréférencement et le principe d’obligation de surveillance des réseaux pour lutter contre la désinformation, les contenus haineux, le racisme, le cyber harcèlement, la pédophilie, la contrefaçon, etc. tout en s’octroyant le droit de surveiller les réseaux lorsqu’il s’agit de générer des recettes et de tuer la concurrence. En d’autres termes, sa politique schizophrène irresponsable conduit à investir massivement pour protéger ses monopoles mais pas pour protéger les droits fondamentaux de ses utilisateurs, la démocratie et les grands principes du libéralisme qui, rappelons-le, s’opposent à ceux du capitalisme sauvage.
Alors, Google, cool ou pas cool ?
Amazon
“Les déclarations d’Amazon sur ses pratiques business sont trompeuses, et peuvent être fausses, et passible d’un parjure criminel”
La palme d’or du “foutage de gueule” est à attribuer à Amazon dont le dirigeant Jeff Bezos n’a jamais caché ses ambitions et dont le cynisme et l’intention frauduleuse ne sont plus à démontrer. Amazon a été créée en 1994 comme distributeur de livres et est devenu l’une des plus grandes sociétés du monde en diversifiant ses activités dans les domaines de l’e-commerce, des biens électroniques (Kindle, enceintes connectées, etc.), de la télévision et de la production de films (Amazon Prime Video) et du cloud (AWS) avec une logistique, il faut le reconnaître, remarquable. Jeff Bezos est ainsi devenu l’homme le plus riche du monde depuis juillet 2020 (200 milliards de dollars). En 2019, Amazon déclare des revenus de 280 bn$, le revenu d’Amazon Web Service (AWS) ayant progressé de 37%. Si les opérations retail représentent encore la majorité des revenus, AWS contribue à 60% des profits. Amazon s’est développée en éludant les impôts tout en recourant aux subsides des états pour s’implanter localement, en adoptant des pratiques anticoncurrentielles et en pratiquant le dumping social et le chantage à l’emploi auprès des élus locaux qui oseraient s’opposer à ses pratiques douteuses. Et pourtant, Amazon prétend encore créer des emplois sans jamais se soucier de la précarité de ceux qu’elle emploie, et avoir sauvé les consommateurs pendant la période du confinement liée à la covid en leur fournissant les biens qu’ils ne pouvaient pas se procurer ailleurs. Amazon est devenu le symbole du capitalisme sauvage dans lequel les GAFAM plongent le monde numérique jour après jours. Amazon a exploité sans aucun scrupule la crise sanitaire covid pour promouvoir ses propres produits et faire pression sur les fournisseurs. Amazon a refusé de livrer les produits non essentiels des vendeurs tiers tout en continuant à expédier ses propres produits non essentiels. Les vendeurs tiers ne pouvaient vendre ailleurs s’ils voulaient rester dans le programme Prime. Ainsi, 50 % des produits expédiés étaient non essentiels. Amazon a par ailleurs continué à exposer ses employés au Covid pour expédier tous ces produits non essentiels.
Amazon génère d’importants revenus sur les commissions prélevées sur ses vendeurs tiers qui paient un abonnement mensuel et une commission sur chaque article vendu. Amazon facture aussi la préparation et la livraison, ainsi que la publicité. Amazon perçoit 30% sur chaque vente contre 19 % en 2015. Il faut souligner cette tendance des GAFAM qui fonctionnement comme des gatekeepers à appliquer un taux de commission de 30% qui n’est manifestement pas proportionnel au service rendu. Les vendeurs tiers parlent de peur, de harcèlement et de racket de la part d’Amazon. Par ailleurs, Amazon permet l’accès à de nombreux produits contrefaits au préjudice des consommateurs et des titulaires de droits de Propriété Intellectuelle, feignant d’avoir adopté des outils de lutte contre la contrefaçon qui se sont révélés étrangement inefficaces. N’importe quel dirigeant d’enseigne de distribution classique qui adopterait de telles pratiques verrait sa responsabilité pénale engagée. Mais dans le monde du numérique, le principe d’irresponsabilité des intermédiaires les a rendu totalement irresponsables.
“Amazon a ce type de comportement parce que la plupart des marques ne peuvent pas se permettre de la quitter”
Sa politique schizophrène consiste à traiter les vendeurs tiers de son marketplace à la fois comme des partenaires et des concurrents. Les 2,3 millions de vendeurs n’ont pas d’autre alternative pour vendre en ligne. On estime que 37 % d’entre eux, soit 850 000 vendeurs, n’ont qu’Amazon comme source de revenus. Ses partenaires sont aussi des concurrents et Amazon utilise sa position dominante pour favoriser ses propres offres et désavantager ses concurrents, notamment en exploitant l’accès aux données des vendeurs.
Alors, Amazon, cool ou pas cool ?
“La plupart des observateurs décrivaient Facebook comme un monopole dès 2012. Et depuis, Facebook a tout fait pour le protéger”
“La question était de savoir comment conduire Facebook et Instagram à ne pas se concurrencer”
” Votre seul travail est d’obtenir une minute supplémentaire. C’est immoral. Ils ne demandent pas d’où cette minute provient. Ils peuvent monétiser une minute d’activité un certain prix. Alors la seule métrique est d’obtenir cette minute supplémentaire”
“Chez Basecamp, nous avons décidé de nous passer de Facebook, qui viole la vie privée de ses utilisateurs. Mais se retirer, c’est la même chose que de se battre avec un bras caché dans son dos. Beaucoup sont obligés de faire de la publicité sur Facebook, même si cela viole leur éthique”
Créé en 2004, Facebook propose un réseau social et une messagerie associé (Facebook & Messenger), un réseau sociale de photos et de vidéos (Instagram), un système d’appel audio/vidéo et de messagerie (Whatsapp) et un système de de réalité virtuelle (Oculus). Facebook compte 2,7 Mds d’utilisateurs mensuels et un ARPU (average revenue per user) de 7,05$. En 2019, Facebook déclarait 70 Mds $ de revenus.
Les acquisitions de Facebook ont eu pour but de maintenir et de renforcer sa dominance. Facebook a eu également recours à des pratiques anticoncurrentielles en analysant les données de ses concurrents potentiels pour identifier des menaces naissantes et les acquérir, les copier ou les tuer. Sans concurrent, la qualité de la plateforme s’est amoindri en conduisant à moins de protection de la vie privée et une augmentation des fake news. Par ailleurs, Facebook est devenu l’un des leader de la publicité mondiale en fraudant les annonceurs quant aux résultats de leur campagne. Et pourtant, les annonceurs continuent servilement d’augmenter leurs investissements publicitaires sur Facebook.
Facebook fait l’objet de l’enquête antitrust lancée par le FTC et par le Département de Justice en 2019. Une enquête multi-états a été lancée par 47 juges fédéraux. En 2020, l’autorité de la concurrence britannique (la CMA) a établi que Facebook était dominant sur le marché du social media network et du display. Son pouvoir de marché vient des effets de réseau et de la moindre interopérabilité avec les autres plateformes média. En 2019, le German Federal Cartel Office a constaté que Facebook domine le marché du social network, avec une part de marché locale de 90 %.
Alors, Facebook, cool ou pas cool ?
Apple
Créée en 1977, Apple produit des iPhone, iPad, Mac, etc. et commercialise les services intégrés Appstore (distributeur d’applications) , iCloud (service d’hébergement), Apple Arcade (distribution de Jeux vidéo), Apple music (distribution de musique), Apple TV+ (distribution TV et vidéo). En 2019, Apple générait 260 Mds$ de revenus et est devenue en 2020 la société la plus profitable du monde.
Apple utilise l’Appstore pour renforcer les barrières à la concurrence, exclure des rivaux et favoriser ses propres offres. En 2019, le Département de la justice a ouvert une enquête antitrust contre Apple qui faisait déjà l’objet de poursuites en Hollande, en Italie et en Europe. Epic Games l’a également poursuivi en justice le 13 aout 2020 s’agissant de la commission faramineuse de 30% que le duopole Apple comme Google croit pouvoir continuer de percevoir sur les fournisseurs d’applications (entente illicite). Personne ne peut contester aujourd’hui qu’Apple est un Gatekeeper et qu’il a une position dominante sur l’Appstore et le monopole de la distribution de logiciels sur iOS. Apple ne permet pas d’installer d’autres Appstore qu’Apple store sur ses devices. Apple freine l’open web sur iOS pour pousser les développeurs à distribuer des apps sur l’Appstore non pas uniquement pour protéger la sécurité des utilisateurs mais surtout pour percevoir une commission de 30% sur l’achat d’applications payantes et sur les achats in-app qui n’est manifestement pas proportionnées au service rendu (abus de fixation du prix). Les fournisseurs d’apps n’ont pas le droit de dire qu’elles sont moins chères en dehors de l’Appstore, proposer d’autres modes de souscription ou de paiement ou offrir leur propre système de paiement sous peine d’être exclues de l’Appstore. Les développeurs doivent accepter les règles d’Apple pour accéder à ses utilisateurs.
Par ailleurs, Apple favorise ses apps dans les résultats de recherche de l’Appstore. Spotify était premier jusqu’en juin 2016, quand Apple a lancé Apple Music. Fin 2018, Spotify apparaissait en 23ème résultat. Audiobooks a perdu sa première place au lancement d’Apple Books, ce qui a diminué de 25 % ses téléchargements. Par ailleurs, les 40 apps préinstallées d’Apple ne peuvent avoir de revues et ne peuvent être notées. Or, ces deux éléments sont majeurs pour l’algorithme qui détermine le classement. Et malgré tout cela, ses apps apparaissent en premier… Enfin, Apple utilise l’Appstore pour déterminer les apps à succès et les copier.
Alors, Apple, cool ou pas cool ?
Microsoft
Il est très étrange que Microsoft ne fasse pas partie de la liste des GAFA alors même que Microsoft est le précurseur de ces pratiques dans le monde numérique et qu’il a fait l’objet de nombreuses plaintes, notamment en matière de pratiques anti-concurrentielles (Windows, Internet explorer, etc.). Mais il faut croire qu’à force de tolérer certaines pratiques au lieu de les sanctionner sévèrement, sanction pouvant aller jusqu’au démantèlement et à la responsabilité pénale des dirigeants, ces pratiques se sont répandues dans le monde numérique comme un virus informatique.
GAFAM : les barons du monde numérique
“Les 6 de la silicon, tous milliardaires, américains et plus soucieux de booster le prix de leurs actions que de protéger la démocratie. C’est de l’impérialisme idéologique, six individus non élus qui imposent leur vision au reste du monde, et ne rendent aucun compte à des gouvernements, agissant comme s’ils étaient au-dessus des lois (…) Sous Trump, le racisme, l’anti-sémitisme, la misogynie que j’ai mises en scène dans Borat ont envahi l’espace public. Trump était le porte-parole, mais le véhicule était le social média, en particulier Facebook (…) Ces personnes qui ont marché sur le Capitole n’étaient pas forcément des bad people. Les méchants, ce sont ceux qui répandent ces mensonges et ces conspirations. Si vous croyez que Biden est un pédophile cannibale et qu’il a volé l’élection, c’est logique de marcher sur Washington (…) C’est cette radicalisation des algorithmes pour vendre toujours plus de publicité qui m’a poussé à me saisir publiquement du sujet” Sacha Baron Cohen
Les GAFAM ont enfreint de manière répétitive la loi et les décisions de justice et se considèrent au dessus des lois et des états avec une influence considérable sur le processus législatif et politique. A votre avis, pourquoi ont-ils créé des filiales importantes dans les pays de l’UE les plus influents tels que la France et l’Allemagne en sus de celles créées dans les pays fiscalement les plus avantageux ?
Parmi les mesures proposées par le congrès :
• Interdire d’opérer dans des domaines adjacents à leur business;
• Interdire de favoriser leurs propres produits ou services;
• Garantir l’interopérabilité et la portabilité;
• Interdire de principe les fusions et acquisitions par ces plateformes;
• Interdire les pratiques contractuelles abusives et protéger les personnes physiques et morales qui dépendent de ces plateformes;
• Réaffirmer les principes des lois antitrust et leur caractère fondamental pour garantir la démocratie en renforçant le contrôle du congrès sur les lois antitrust et le pouvoir des agences antitrust ;
• Interdire la politique de prix prédatrice, la vente liée, etc.
• Eliminer les obstacles pour faire respecter la loi, comme les clauses d’arbitrage forcées et les limites aux actions de groupe.
Citoyens, réveillez-vous !
“Observe le drame de la colonisation. Deux options, la lutte ou la résignation“ ( Kery James)
J’ai été parmi les premiers à adopter et à aimer leurs offres de produits et services et à être fasciné par leurs modèles économiques. Mais nous ne pouvons continuer d’accepter de telles pratiques conduisant inévitablement à la colonisation du monde numérique. Face à l’impuissance des pouvoirs publics, c’est donc aux citoyens de contraindre ces acteurs à adopter des pratiques vertueuses en cessant d’utiliser leurs produits et services :
Se passer de Google, c’est difficile quand son téléphone et sa TV fonctionnent sous Androïd et que vous utilisez Google search, Google Maps, Youtube, Calendar, Contact, etc. Mais des alternatives comme Qwant, Dailymotion, etc. existent.
Se passer d’Apple, c’est difficile pour un utilisateur de Mac, d’iPhone ou d’iPad. Mais rien n’interdit au consommateur d’alterner et de changer son Mac par un PC et son iPhone par un téléphone Androïd.
Se passer de Facebook, c’est finalement très facile car a-t-on réellement besoin de Facebook pour s’informer et rester en contact avec ses amis et sa famille ?
Se passer d’Amazon, c’est également très aisé car d’autres sites d’e-commerce aux pratiques plus vertueuses existent. Quant à AWS, il est temps que les entreprises et administrations comprennent que les prix prédateurs pratiqués par Amazon pour l’hébergement et le traitement des données ont pour contrepartie leur dépendance économique.
Se passer de Microsoft, c’est plus difficile sur le plan professionnel quand la majorité des entreprises et services publics utilisent encore des produits Microsoft (Windows, Suite Microsoft) mais très facile sur le plan personnel car il suffit de ne plus utiliser les produits Microsoft (PC sous Windows, Xbox, etc.) et de les remplacer par des produits sous Android, iOS ou encore Linux, sachant que les suites bureautiques open source telles que LibreOffice sont parfaitement substituables.
J’espère que vous serez nombreux à suivre cette démarche citoyenne pour contraindre ces acteurs à adopter une éthique et de bonnes pratiques et, qu’à défaut, nos représentants auront enfin le courage de prendre des mesures efficaces pour lutter contre la colonisation du monde numérique.