Impact environnemental des pratiques audiovisuelles

L’ARCOM et l’ADEME ont publié une étude mesurant l’impact environnemental des pratiques audiovisuelles en analysant l’impact des terminaux (TV, décodeur, radio, tablette, smartphone), des réseaux (TNT, FM, Wifi, 4G/5G) et des centres de données.

L’article 15 de la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience face à ses effets dite « climat et résilience » a confié à l’ARCEP et l’ARCOM, la publication d’un rapport « mesurant l’impact environnemental des différents modes de diffusion des services de médias audiovisuels », dans le but de « renforcer l’information des consommateurs sur la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation de contenus audiovisuels, à la fabrication des terminaux et périphériques de connexion ainsi qu’à l’exploitation des équipements de réseaux et des centres de données nécessaires à cette consommation ».

L’étude propose :

  • un état des lieux des technologies et usages audiovisuels en France suivi de trois évaluations de l’empreinte environnementale de la diffusion
    audiovisuelle;
  • une évaluation comparative de neuf scénarios d’usage audiovisuels (à l’échelle d’une heure de consommation d’un contenu);
  • une évaluation globale des usages audiovisuels à l’échelle de la France sur un an (en 2022);
  • une analyse prospective à horizon 2030 de l’évolution de ces impacts suivant trois scénarios.

Seule la diffusion et la réception des contenus audiovisuels sont prises en compte dans cette étude, les activités liées à leur production (tournage, etc.), ainsi qu’à la gestion des données des utilisateurs sont exclues.

Parmi les indicateurs analysés :

  • changement climatique (kg CO2eq.) ;
  • particules fines (disease incidence) ;
  • acidification (Mol H+eq.) ;
  • épuisement des ressources, minéraux et métaux (kg Sb eq.);
  • consommation d’énergie primaire totale (MJ) ;
  • consommation d’énergie finale (kWh);
  • radiations ionisantes (kBq U235 eq) ;
  • écotoxicité d’eau douce (CTUe) ;
  • épuisement des ressources fossiles (MJ) ;
  • utilisation de matières premières (kg) ;
  • consommation nette d’eau (m3).

Parmi les scénarios analysés :

  • Écoute de radio en direct en FM sur un poste radio;
  • Écoute de radio en direct en FM sur un autoradio;
  • Écoute de radio en direct via internet sur un smartphone connecté au réseau fixe;
  • Écoute de musique/podcast sur une plateforme de streaming sur un
    smartphone connecté à internet via réseau mobile;
  • Visionnage d’une chaîne de télévision en HD sur un téléviseur via un accès TNT intégré au téléviseur;
  • Visionnage d’une chaîne de télévision en HD sur un téléviseur connecté à internet via un décodeur TV relié à une box FAI;
  • Visionnage de télévision de rattrapage en HD sur une TV connectée à internet via un décodeur TV relié à une box FAI;
  • Visionnage de vidéos à la demande par abonnement (VàDA) en HD sur un téléviseur connecté à internet via réseau fixe (Smart TV);
  • Visionnage de vidéos en ligne sur une plateforme de partage de vidéos en HD sur un smartphone connecté à internet via réseau mobile.

Avec 5 millions de tonnes équivalent CO2, l’impact de nos pratiques audiovisuelles représente un tiers de l’empreinte carbone totale du numérique.

Parmi les usages audiovisuels étudiés, la TV linéaire représente 70 % des usages vidéo et 70 % de leur impact carbone. Les impacts des usages dépendent en premier lieu du terminal utilisé. En 2022, parmi les usages vidéo, la TV linéaire, principalement regardée sur des téléviseurs, a ainsi le plus fort impact environnemental. S’ensuivent les plateformes de partage de vidéo et la vidéo à la demande. L’étude met également en évidence que la publicité peut augmenter jusqu’à 25 % l’impact carbone du visionnage de contenus vidéo, en particulier pour les usages en TV de rattrapage. La radio hertzienne, premier usage audio grand public, représente 58 % des usages audio et 53 % de leur empreinte carbone.

Les terminaux génèrent l’essentiel des impacts environnementaux  (entre 72 % et 90 %), puis les réseaux (entre 9 % et 26 %) et enfin les centres de données (entre 1 % et 3 %).

Le premier poste d’impact environnemental des usages audiovisuels correspond en effet à la fabrication des terminaux (smartphone, ordinateur, téléviseur, tablette, poste radio, etc.). L’étude recommande de :

  • privilégier des terminaux plus sobres (avec une consommation d’énergie moins importante, plus durables et réparables) ou des terminaux reconditionnés;
  • limiter l’augmentation de la taille des écrans, ne pas multiplier les terminaux et prolonger leur durée de vie (en les faisant réparer, en les entretenant etc.).

Les réseaux sollicités par les usages audiovisuels (FM, DAB+, TNT, IPTV géré, fixe et mobile) représentent le deuxième poste d’impact environnemental. La diffusion via des réseaux de type « broadcast » (FM, DAB+, TNT) pour des usages linéaires est généralement plus efficace que la diffusion de contenus à la demande via les réseaux fixe et mobile. En effet, l’impact global des infrastructures des réseaux broadcast est le même quel que soit le nombre
d’utilisateurs, ils sont donc particulièrement efficaces dès lors qu’ils sont utilisés par un nombre suffisant d’utilisateurs.

Les serveurs et centres de données représentent une part plus faible de l’impact des usages audiovisuels. Pour les contenus à la demande diffusés par internet, la consommation d’énergie sur les réseaux et les serveurs augmente avec le débit de données associé à l’usage. Les usages vidéo sont associés à des débits plus élevés que les usages audio. Le débit dépend également de la
résolution (sonore ou vidéo) ainsi que du codec utilisé. L’étude recommande de favoriser des usages associés à une consommation de données plus faible et réduire la résolution des contenus visionnés.

 

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https://www.zdnet.fr/actualites/le-streaming-video-un-veritable-gouffre-environnemental-399204.htm