Avis de l’Autorité de la Concurrence sur la concentration dans le secteur des musiques actuelles

Saisie par la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale, l’Autorité de la Concurrence a été interrogée sur l’existence d’un phénomène de concentration dans le secteur des musiques actuelles et le risque d’émergence de positions dominantes avec une potentielle atteinte à la diversité culturelle. Au terme de son analyse, l’Autorité estime qu’elle dispose d’outils pour identifier et faire cesser d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles (concentration, abus de position dominante pouvant découler de clauses d’exclusivité, ventes liées, etc.).

L’Autorité constate un mouvement de diversification des acteurs traditionnels de la musique enregistrée et/ou du spectacle vivant vers d’autres métiers au sein de la filière, et l’arrivée dans le secteur du spectacle vivant en France d’opérateur à diversifier les sources de revenus des à accompagner des artistes au cours de leur carrière sur différentes activités (musicales ou non) afin de leur permettent de développer de façon globale leur projet artistique. S’agissant des majors de l’industrie du disque, ce mouvement s’est traduit par l’acquisition et/ou le lancement de structures dédiées à la production de spectacles et l’organisation de festivals, ainsi que l’exploitation de spectacles et la gestion de billetterie.

Ainsi, le groupe Vivendi, qui détient la maison de disques Universal Music, produit des spectacles et festivals (Brive festival, Les Déferlantes, Garorock) via Olympia Production, exploite la salle de spectacles L’Olympia à Paris, et exerce des activités de billetterie via See Tickets (anciennement Digitick). Cette stratégie s’observe également chez Warner Music, qui développe, avec sa société Décibels Productions, des activités de « touring » (production, organisation et promotion de concerts). De même, Sony Music produit des spectacles et tournées avec sa filiale Arachnée Productions et organise le festival We Love Green à Paris via sa participation dans la société organisatrice WLG. Cette stratégie d’intégration verticale concerne aussi bien les labels indépendants, comme Wagram Music et Because, que les exploitants de salles, comme le groupe Fimalac (qui exploite notamment la salle Pleyel, et des salles type Zénith et « Arenas ») qui se sont lancés depuis quelques années dans la production de spectacles ou développent d’autres activités telles que la réservation de billets, la gestion de l’univers de l’artiste, l’utilisation de l’image d’un artiste pour mettre en valeur des produits ou des marques. Quelques acteurs du secteur audiovisuel et des médias ont aussi fait leur entrée dans le secteur des musiques actuelles, à l’instar de Lagardère et Morgane Production, qui ont développé une activité d’exploitation de salles et/ou d’organisation de spectacles, ainsi que de TF1, qui produit certains artistes, via sa filiale Play Two. Cette diversification pourrait permettre des synergies entre différentes activités (production, exploitation de média et de lieux de diffusion).

L’Autorité a également observé le développement significatif d’acteurs internationaux en France, en particulier les groupes Live Nation et Anschutz Entertainment Group (« AEG »), qui ont notamment créé ou pris des participations dans l’organisation de festivals importants (Lollapalooza à Paris, Main Square à Arras, notamment pour Live Nation) et l’exploitation de salles (Accor Arena – ex Palais omnisport de Paris Bercy – s’agissant d’AEG). Live Nation, 1er acteur musical dans l’organisation de spectacles, organise 40 000 spectacles dans le monde pour plus de 5 000 artistes comme Metallica, Ariana Grande, Pink ou Bon Jovi, ainsi qu’une centaine de festivals. Il exploite par ailleurs des salles de spectacle et la billetterie Ticketmaster, deuxième opérateur du secteur en France après la Fnac. De son côté, AEG produit des spectacles pour des artistes tels que les Rolling Stones, Taylor Swift, Bruno Mars, Enrique Iglesias, Céline Dion, Ed Sheeran et organise des festivals comme Rock en Seine en France. AEG est aussi actif dans l’exploitation de plus de 300 salles et lieux de spectacles dans le monde. Il exploite notamment l’O2 Arena à Londres, The Colosseum at Caesar Palace à Las Vegas, la Tele2 Arena de Stockholm ou bien encore le Mercedes Platz à Berlin, ainsi que plusieurs dizaines de salles type « Arena » dans le monde.

Enfin, les GAFA sont pour leur part devenus des acteurs majeurs dans le secteur musical à travers leur activité de distribution de musique enregistrée et de diffusion de vidéos. Google pèse d’un poids considérable à travers l’exploitation de YouTube, plateforme sur laquelle 76 millions de vidéos musicales sont visionnées chaque jour en France. De son côté, Apple a développé iTunes, son magasin de téléchargement de musique en ligne. Par ailleurs, Apple et Amazon développent leurs services de streaming musical : Apple Music et Amazon Music Unlimited. Enfin, Facebook a lancé, hors Europe, un service Music Vidéos qui héberge des vidéos musicales. Sa plateforme Instagram est utilisée par des nombreux artistes pour promouvoir leur activité. Certaines plateformes ont par ailleurs développé quelques activités dans le domaine du direct (« live ») qui sont aujourd’hui encore marginales. En matière de spectacle vivant, Facebook permet ainsi d’organiser des performances, qui peuvent être musicales, en direct grâce à la fonctionnalité de diffusion en direct (« livestream »). De même, Google offre aux artistes la possibilité de diffuser du contenu en direct, grâce à son service YouTube. Par ailleurs, la plateforme Tik Tok, éditée par ByteDance, permet également la diffusion en direct de contenus musicaux et a pris rapidement une part importante, notamment vis-à-vis des publics les plus jeunes.

 

 

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