Comptoirs et réseaux transnationaux chinois, moteurs de l’orpaillage illégal en Guyane

Une étude réalisée par la Fondation pour la Recherche Stratégique détaille les réseaux qui permettent aux orpailleurs clandestins d’opérer illégalement en Guyane.

120 comptoirs chinois sont implantés sur la rive surinamaise du Maroni, en face de Saint-Laurent du Maroni. L’un de ces comptoirs est même situé en face du poste de gendarmerie de Maripasoula. Dans ces comptoirs, les garimpeiros (chercheurs d’or clandestins venus du Brésil) se fournissent en carburant, motopompes, mercure, etc. Autour de ces comptoirs, les garimpeiros peuvent également se fournir en alcool, drogue ou prostitutués. Les réseaux transnationaux qui les accompagnent facilitent le recel et le blanchiment et sont impliqués dans la criminalité environnementale dont le trafic d’animaux sauvages.

Les commerçants qui tiennent les comptoirs fournissent le matériel et avancent parfois les frais aux orpailleurs illégaux. En retour, les garimpeiros sont contraints de traiter exclusivement avec eux et de payer en monnaies ou pépites d’or à des cours inférieurs à ceux des marchés mondiaux.

Il y aurait environ 300 sites clandestins d’extraction d’or sur le sol guyanais et 6 500 chercheurs d’or à 95% brésiliens. 10 tonnes d’or sont extraites illégalement chaque année. Les opérations de répression coûtent chaque année 70 millions €, tandis que le pillage du sol guyanais représente un préjudice économique majeur pour l’économie locale et les finances publiques estimé à plus de 500 millions € par an.

L’orpaillage illégal a de graves conséquences sanitaires et environnementales. L’imprégnation mercurielle et la pollution des sols affectent directement les populations amérindiennes, en particulier les femmes enceintes et leurs enfants. La dégradation des cours d’eau et la déforestation sauvage, notamment au sein du Parc amazonien de Guyane, portent atteinte à un écosystème unique, source de biodiversité et puits de carbone.

Le cas guyanais s’inscrit dans un phénomène global de prédation de ressources minières par des acteurs chinois. Au Ghana, au Mali, en Colombie ou encore au Suriname, des ressortissants chinois participent directement à l’exploitation illégale d’or, parfois encouragés par les autorités chinoises. Pékin cherche à accroître ses réserves aurifères pour renforcer la stabilité du yuan et diminuer sa dépendance au dollar dans un contexte de tensions croissantes avec Washington.

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https://www.frstrategie.org/publications/recherches-et-documents/comptoirs-reseaux-transnationaux-chinois-moteurs-orpaillage-illegal-guyane-francaise-2023

https://la1ere.francetvinfo.fr/orpaillage-illegal-en-guyane-comment-des-reseaux-chinois-alimentent-le-trafic-clandestin-de-l-or-1426802.html