Shein ou comment faire du buzz avec la pédopornographie

La concomitance troublante entre la commercialisation par Shein de poupées sexuelles à caractère pédopornographique et la couverture médiatique hallucinante de l’ouverture banale d’un corner au BHV pose la question de la responsabilité de Shein, de ses partenaires et des consommateurs.

Fin octobre 2025, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a constaté que Shein commercialisait sur son site des poupées sexuelles à l’apparence enfantine dont la description et la catégorisation ne laissaient aucun doute sur leur caractère pédopornographique. La DGCCRF a immédiatement saisi le procureur de la République et Shein a retiré les produits incriminés après le signalement. Sans signalement, ces produits illictes seraient toujours en vente sur le marché européen.

Cette affaire survient alors que Shein est déjà critiqué pour ses pratiques commerciales trompeuses, ses conditions de travail et son impact environnemental.

Malgré la polémique, Shein a inauguré son premier corner permanent au monde le mercredi 5 novembre 2025 au BHV Marais à Paris. Cette ouverture a été marquée par des files d’attente impressionnantes mais aussi par des manifestations et des appels à la grève de la part des salariés et des syndicats, dénonçant le modèle social et environnemental de la marque. Plusieurs marques françaises ont fort heureusement quitté le BHV pour ne pas être associées à Shein tandis que le jeune directeur du BHV à l’ambition manifestement sans limite se vente sans remord de son opération commerciale et médiatique.

Or, l’affaire des poupées pédopornographiques a comme par hasard éclaté quelques jours avant l’ouverture du corner Shein au BHV. Le BHV s’était pourtant engagé dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) en adhérant au programme Go For Good du groupe Galeries Lafayette. Ce programme vise à mettre en avant des produits plus durables et responsables, avec une signalétique dédiée en magasin et sur le site internet du BHV. Il inclut des produits de seconde main, des articles éco-conçus, et des marques engagées dans une démarche environnementale ou sociale. Le BHV Marais avait également intégré des ateliers créatifs et des espaces dédiés à la mode et à la décoration responsables.

Cependant, depuis la reprise du BHV par la Société des Grands Magasins (SGM), plusieurs fournisseurs dénoncent des retards ou des impayés, ce qui a conduit certains à retirer leurs produits des rayons. Ces difficultés financières et de gestion ont été pointées du doigt par les syndicats et les salariés, qui soulignent une incohérence entre les engagements RSE affichés et la réalité des pratiques commerciales actuelles, notamment avec l’arrivée controversée de Shein.

Comment Shein peut-il encore avoir le droit d’accéder au marché européen sans en respecter la règlementation et comment le partenariat avec le BHV peut-il encore exister et être plébiscité par des consommateurs aveuglés par de bas prix malgré la gravité des faits ?

Dans une lettre adressée à la Commission européenne que s’est procurée le journaliste toujours bien informé Marc Rees, le ministre de l’Économie a menacé d’interdire Shein si de tels comportements se répétaient, évoquant une possible suspension de la plateforme le temps qu’elle se mette en conformité avec la règlementation française et européenne.

Il est grand temps que l’Europe prenne ses responsabilités et applique avec sévérité la règlementation qu’elle a créé pour protéger les citoyens, consommateurs et entreprises européennes.

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