Les GAFAM, ni responsables, ni coupables mais rentables

1 milliard de données personnelles collectées par Facebook et Linkedin exposées sur Internet et des autorités de contrôle soit complices, soit impuissantes. Force est de constater qu’aucune sanction dissuasive n’a été prononcée à ce jour malgré la gravité et la persistance des multiples violations des données personnelles par les GAFAM.  Seul un citoyen européen, Max Schrems, et un professeur de l’Université Harvard, Shoshana Zuboff, agissent pour lutter contre la violation du droit fondamental à la vie privée.

LinkedIn se présente comme une victime de la violation massive de données touchant 500 millions de personnes alors qu’elle est coupable de ne pas garantir la sécurité des données. De son côté, après la mise en ligne des données de 533 millions de ses usagers, dont 20 millions de français y compris des ministres, Facebook refuse de notifier à chaque utilisateur cette violation au prétexte qu’elle ne saurait pas précisément lesquels ont été impactés. Et pourtant, Le 3 avril 2021, une base de données d’un demi-milliard d’utilisateurs de Facebook dans le monde (sur 2,8 milliards d’utilisateurs) est soudainement devenue publique et gratuite. Après avoir été vendue pendant près de deux ans, cette base est désormais accessible sur Internet. En France, 20 millions de personnes, soit la moitié des 40 millions d’utilisateurs de Facebook, voient ainsi leur numéro de téléphone portable dévoilé, accompagné de leur nom et de l’identifiant de leur profil sur le réseau social, leur statut, leur employeur, leur adresse, etc. Les GAFAM, ni responsables, ni coupables mais rentables pour avoir développé et commercialisé un système non viable.

https://www.arretsurimages.net/articles/fuite-de-donnees-facebook-medias-en-sourdine-gouvernement-muet

 

Pendant ce temps, la Commissaire à la protection des données irlandaise ose défendre son bilan et justifier l’absence de décision systématique après chaque plainte par sa prétendue préférence pour la médiation et les solutions amiables. Seules 0,07 % des plaintes reçus par la DPC irlandaise (CNIL) sont suivies d’une décision. Sur 10 000 plaintes reçues en 2020, la DPC n’a rendu que six à sept décisions en 2021. Faut-il lui rappeler son rôle et la sanction pouvant aller jusqu’à 4% du CA mondial ?

Heureusement, l’association de Max Schrems, NOYB, a lancé un site collaboratif GDPRhub afin de collecter les décisions des autorités de contrôle européennes.  Plus de 1000 décisions sont déjà répertoriées, classées par autorité et par article du RGPD. N’hésitez pas à vous en servir pour inonder les autorités de contrôle et tribunaux de plaintes afin de faire enfin réagir les pouvoirs publics sur la gravité de la situation.

https://noyb.eu/en/irish-dpc-handles-9993-gdpr-complaints-without-decision

 

Et pour à nouveau vous alerter sur la gravité de la situation et l’urgence de lutter contre le Brave New World promis par cinq milliardaires américains assoiffés de dollars et qui se moquent de nos libertés fondamentales et de notre avenir, Shoshana Zuboff de l’Université Harvard dénonce dans son livre L’âge du capitalisme de surveillance comment des entreprises technologiques mondiales comme Google et Facebook nous ont persuadés de renoncer à notre vie privée pour des raisons de commodité, commercialisent et utilisent nos données pour prévoir notre comportement, l’influencer et le modifier.

 

“Le capitalisme de surveillance est une nouvelle forme de marché qui revendique l’expérience humaine privée comme matière première dont elle se sert dans des opérations secrètes d’extraction, de production et de vente. L’économie de la surveillance est devenue l’expression dominante du capitalisme dans l’ère numérique ; elle a pris racine et a prospéré dans les vingt premières années du siècle numérique sans opposition réelle de la part de la loi et des institutions démocratiques (…) elle est une créature du 21e siècle, qui ne peut être domptée que par des droits et des lois du 21e siècle — qui attendent encore d’être formalisée”

L’Âge du capitalisme de surveillance