Voitures électriques en Guyane : un marché mort-né à cause des marges distributeurs et constructeurs

Le bonus écologique et la suppression de l’octroi de mer pour le développement des voitures électriques en Guyane augmentent les marges des distributeurs et constructeurs au préjudice de l’état, des collectivités territoriales, des consommateurs guyanais et de l’environnement.

En 2021, les véhicules électrifiés représentaient 26.2% des des ventes de Véhicules Neufs réunionnais , 24.3% des VN mahorais, 18.5% des VN guadeloupéens, 16% des VN martiniquais et 13.2% des VN guyanais.

Ces chiffres s’expliquent notamment par un coût élevé à l’achat, un problème d’autonomie des batteries et une une insuffisance du nombre de bornes de recharge au regard de l’étendue du territoire.

Mais comment expliquer que les distributeurs en Guyane vendent plus chers ces véhicules qu’en métropole alors que le bonus écologique étaient de 7 000€ (contre 6 000€ en métropole), qu’il n’y a pas de TVA (20%) et que les véhicules électriques bénéficient d’une exonération d’octroi de mer ?

Comment les distributeurs licenciés par les constructeurs sur le territoire guyanais avec le plus faible PIB/habitant après Mayotte s’autorisent à afficher des prix supérieurs à la métropole en absorbant totalement l’effort de l’Etat français (bonus écologique) et des collectivités territoriales (exonération de l’octroi de mer) ?

Les distributeurs et constructeurs peuvent-ils continuer d’augmenter leurs marges au préjudice de l’état, des collectivité territoriales, des consommateurs et de l’environnement ?

Prenons l’exemple d’une Zoé électrique dont le slogan publicitaire est : “Qu’attendez-vous pour passer à l’électrique ?”

Le prix affiché pour le modèle INTENS 135 de Renault en Guyane est de 35 500€ (comprenant l’exonération de TVA et d’octroi de mer). Son équivalent sur le site Internet de Renault est le modèle ICONIC 135 vendu 36 900€ TTC (incluant une TVA de 20%). Ce prix avant négociation à l’achat intègre déjà la marge du distributeur et du constructeur.

En théorie, le prix HT d’une Zoé INTENS est donc de 36 900€ – 7 380€ = 29 520€ HT. Si vous déduisez 7 000 € de bonus écologique pour un particulier (5 000€ pour une société), le prix en Guyane devrait donc être de 22 520€ auquel s’ajoute des frais de transport inférieurs à 1 000€/véhicule pour un distributeur et une légère taxe régionale également inférieure à 1 000€. En maintenant une marge classique et avant remise commerciale, le distributeur devrait donc vendre une Zoé INTENS neuve à environ 24 500€, ce qui représente un prix compétitif par rapport aux prix des véhicules thermiques grace aux efforts de l’Etat et des collectivité territoriales. Cela devrait donc inciter les consommateurs à se tourner vers des véhicules électriques qui coûtent par ailleurs entre 3 et 4 fois moins cher en carburant/énergie et en entretien.

En pratique, le distributeur guyanais (à l’exception des mandataires automobiles comme Class Auto Import qui représentent néanmoins que 1% du marché) s’autorise à vendre une Zoé INTENS à 35 500€ – 7 000€ de bonus écologique, soit 28 500€, et augmente donc sa marge distributeur déjà existante de 4 000€ (16%) en s’accaparant une partie de la valeur du bonus écologique et de l’exonération d’octroi de mer au préjudice de l’Etat, des collectivités territoriales, du consommateur et de l’environnement.

La protection des consommateurs en Guyane est censée être assurée par la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) qui a pour mission de contrôler le respect des obligations mises à la charge des professionnels dont une information claire, sincère et loyale sur les prix des produits et des services. L’article L.141-1-2 du code de la consommation prévoit la possibilité pour la DGCCRF de prononcer des amendes administratives sanctionnant les manquements des professionnels.

Force est de constater que la DGCCRF a refusé d’agir contres les opérateurs Telecom qui pratiquaient pendant des années des tarifs indécents en Guyane et contraires au Code des communications électroniques européen, et laisse aujourd’hui perdurer des pratiques similaires des distributeurs et constructeurs automobiles en Guyane alors même que la priorité est d’augmenter le pouvoir d’achat et de réduire les effets des hydrocarbures sur l’environnement.

Dans ces conditions, les objectifs de l’étude d’opportunité du déploiement des véhicules électriques et hybrides sur le territoire de la Guyane ne seront jamais atteinds.

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Véhicules électriques : un déploiement encore discret en Guyane

 

Véhicules Électrifiés : Revue des Marchés Automobiles DOM – Décembre 2021

 

https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/european-electronic-communications-code.html