Après notre road-movie dans les espaces immenses du nord ouest, il est temps de retrouver Catherine qui rentre de Californie.
Nous prenons ensemble la direction de Margaret River, une petite ville située à quelques 300 km au sud de Perth. Elle est entourée de hautes forêts d’eucalyptus, de coteaux verdoyants, de vignes et d’un littoral sauvage connu pour « surf point » et ses vagues spectaculaires. C’est le lieu de ralliement des surfeurs du monde entier.
A notre arrivée, nous découvrons une maison aussi accueillante et chaleureuse que sa propriétaire. Nous faisons connaissance des autres occupants du lieu. La belle et tendre chienne Sasha et son compagnon félin, Midnight, au ventre dodu et à l’épais pelage noir et blanc. La maison est entourée d’un vaste et beau jardin rempli de perroquets bariolés, de fleurs et d’arbres aux fruits exotiques : citrons, pamplemousses, avocats, noix de macadamia, fruits de la passion… Le potager aussi est bien garni : coriandre à profusion, tomates, pois, betteraves et bien sur nombreuses salades (il en faut pour rassasier Catherine !). A l’arrière, se trouve le domaine des poules rousses qui nous donnent des œufs frais chaque matin. Pour poser nos valises, Catherine nous a réservé le granny flat, un confortable studio indépendant de la maison. Ce qui ne nous empêche pas de prendre tous nos repas ensemble et de passer de bonnes soirées au coin du feu, à discuter, lire ou verser une larme devant les aventures de Red Dog, le chien auto-stoppeur, qui traversa tout Western Australia à la recherche de son maître. Que c’est bon de se sentir chez soi lorsqu’on est de l’autre coté du monde !
Lorsque nous arrivons, c’est le début du printemps. Malheureusement, il s’avère que c’est aussi le plus froid et pluvieux depuis de nombreuses années. Nous bravons donc les éléments pour faire de longues ballades avec Sasha, au bord de l’océan indien, ou dans la forêt d’eucalyptus derrière la maison. Souvent, c’est l’occasion pour les laughing kookabura, sorte de martins-pêcheurs australiens, de nous suivre longuement de leurs rires sardoniques. Nous croisons aussi de nombreux kangourous, car ils pullulent dans la campagne et jusque dans certains jardins. Un jour, nous assistons même à un véritable combat entre deux grands males. Ils se tournent autour lentement, dans une sorte de ballet, se boxant avec les pattes avant ou prenant appui sur leurs queues pour donner de grands coups de griffes avec leurs pattes arrières.
Catherine nous fait découvrir de nombreuses attractions des alentours. Dans la région d’Augusta, nous nous rendons à Cape Leeuwin, le point le plus au sud de Western Australia. Un phare se trouve à l’endroit où se rejoignent les océans Indien et Pacifique. Lorsqu’ils arrivèrent en Australie, il y a 40 ans, Catherine et son compagnon Richard en furent les gardiens. Nous visitons également une ferme où d’adorables jeunes kangourous viennent grignoter des carottes dans nos mains et admirons un spectacle d’oiseaux de proie. Sans parler de bons repas dans les vignobles, de la visite d’une ferme en permaculture ou de Busselton Jetty, la plus longue jetée en bois de l’hémisphère Sud.
Empruntant à nouveau la voiture de Catherine, nous partons quelques jours en direction d’Albany, en passant par Walpole et Denmark. C’est à bord d’un bateau que nous découvrons le Walpole Nornalup National Park, site à la faune et la flore très protégées depuis sa découverte par un français, Pierre Bellanger. Nous nous promenons également dans la célèbre Valley of the Giants qui abrite des espèces démesurées d’eucalyptus, les jarrahs (couleur acajou), les marris (dont une résine rouge sang s’écoule du tronc en cas de blessure) et les karris (à l’écorce blanche). Certains peuvent atteindre 90 mètres de haut ! Mais l’Australie, ce sont aussi de magnifiques plages de sable blanc, comme celle de William’s bay à Denmark, sur laquelle nous faisons quelques foulées grelottantes avant de filer profiter des vignobles réputées de la région. Notre escapade se termine par Albany, la bien nommée «côte de la pluie». Il s’agit de la plus ancienne colonie britannique d’Australie occidentale, qui fut fondée précipitamment afin de devancer tout projet d’implantation française dans la région. Nous y visitons The Frenchman Bay où s’établirent les premières firmes baleinières australiennes, et Two People‘s Bay, où français et britanniques réussirent à cohabiter pendant un certain temps.
Nous rentrons à Margaret River pour participer à la fête organisée par Catherine en souvenir de Roger. A cette occasion, de nombreux amis se retrouvent autour d’un grand feu de joie allumé dans le jardin. Ce jour là seulement, comme un clin d’œil, le ciel reste sans nuage.
C’est à Rottnest Island, que nous terminons en famille, notre voyage dans cette partie de l’Australie. Cette toute petite île est située au large de Freemantle. Son nom lui fut donné par les explorateurs hollandais qui crurent y rencontrer d’énormes rats (rotte). Il s’agissait en fait de marsupiaux dénommés quokkas, mini kangourous très mignons et peu farouches que l’on ne trouve qu’à cet endroit. L’un d’entre eux à même trouvé refuge dans la chambre de Catherine pour s’abriter de la pluie. Appelée Wadjemup par les aborigènes, l’île fut pour eux une prison, car ils y furent déporter en masse. Elle est aujourd’hui un lieu populaire de villégiature avec ses magnifiques criques de sable blanc aux eaux turquoises et ses lacs salés. Comme tous les autres vacanciers, nous y passons d’excellents moments, alternant joyeuses ballades en vélo et bons repas. Ce n’est que le dernier jour, en visitant le minuscule musée de l’île que nous réalisons tout ce qu’elle symbolise : « Black Prison. White Playground».
Après une dernière nuit chez Colin et Maimbo, nous refaisons nos bagages pour partir à Sydney. C’est avec un pincement au cœur que nous quittons la chaleur et la générosité de notre famille australienne.
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