Lorsque nous avons annoncé que nous allions à Jakarta, autour de nous, on nous a regardé avec étonnement : l’une des mégapoles les plus polluée du monde, bruyante, épuisante, pauvre, salissante, étouffante.  Pourquoi y aller ?

Parce que, pour un problème de visa, nous avons été obligé de sortir d’Indonésie en transitant par Singapour. En effet, nous sommes entrés en Indonésie avec un visa gratuit valable 30 jours, que nous n’avons pu renouveler sur place. Il nous fallait alors absolument  sortir du territoire pour éviter de payer une amende de 200.000 roupies par personne et par jour de dépassement … Conseil aux voyageurs qui veulent s’attarder en Indonésie : prenez donc un visa payant, valable 3 mois, que vous  pourrez renouveler facilement sur place. Pour éviter un aller-retour absurde entre Bali et Singapour, juste pour un coup de tampon sur nos passeports (même si la piscine de l’aéroport de Singapour n’est pas désagréable …), nous avons décidé de revenir sur un vieux projet : traverser Java en train, de la capitale administrative, politique et économique, Jakarta, à la capitale culturelle, Yogyakarta.

Nous gardons un excellent souvenir des deux jours passés à Jakarta, sans doute parce que les vacances indonésiennes avaient vidé la ville d’une grande partie de sa population et que la fête de l’Aïd, le jour de notre arrivée, l’illuminait de multiples feux d’artifices.

Nous sommes notamment allés nous promener autour du Monas, le monument national de l’Indonésie. C’est dans le vaste parc qui l’entoure que nous avons rencontré nos premiers fans… En effet, nous n’avons pu circuler en Indonésie sans être littéralement assaillis par des « selfis ! selfis ! ». Nous avons parfois même été coursés en scooter !  Des dizaines de photos de nous, entourés d’asiatiques hilares, doivent maintenant circuler sur les réseaux sociaux.

Le soir pour dîner, nous avons expérimenté les warungs alignés le long des rues. Il s’agit d’échoppes très rudimentaires, quelques tables en plastique posées sur le trottoir, où l’on peut manger les grands classiques indonésiens : poulet saté, nasi et mie goreng (riz et nouilles frits). Seul inconvénient, le chanteur de rue qui, sans relâche, hurle dans les oreilles des malheureux dîneurs, jusqu’à ce que l’un d’entre eux, de guerre lasse, lui donne quelques roupies pour qu’il disparaisse. Il sera aussitôt remplacé par un autre « artiste » au répertoire tout aussi effrayant, ou par un enfant qui vend des paquets de kleenex, des bracelets ou autres babioles.

Après une journée passée dans le train, nous sommes arrivés à Yogyakarta où nous resterons une semaine. A Yogya, comme on l’appelle familièrement, il faut du temps pour se sentir un peu chez soi. Au premier abord, la ville est comme Jakarta, sale, pauvre, bruyante et polluée. Pourtant, la région recèle la plupart des grandes richesses archéologiques de Java. Nous avons choisi de visiter la plaine de Prambanan qui rassemble le plus grand nombre de temples hindous de Java. Le plus important est consacré à Shiva, celui du sud à Brahma et celui du nord à Vishnu. Shiva, Brahma et Vishnu forment la trinité hindoue : Brahma est le créateur, Vishnu le protecteur et Shiva le destructeur. Autour, plus de 200 temples qui ne sont cependant plus que des tas de pierre.

Après quelque jours dans les terres, l’envie nous a pris de rejoindre Parangtritis, une plage de sable noir, bondée de touristes locaux. La côte est constituée de grandes falaises, et de vastes dunes s’étendent là où les falaises se sont effondrées. Si cette plage ne nous a pas séduit (trop de monde, de bruit et de déchets), nous avons adoré nous perdre sur les routes et chemins qui y mènent, entre montagnes et rizières, au milieu de villages insolites. Ce fut aussi l’occasion de visiter les tombeaux d’Imogiri, installés au sommet d’une colline par le sultan Agung en 1645. Tous ses successeurs y ont été inhumés. Pour atteindre ce cimetière royal, il faut gravir les 345 marches d’un immense escalier.

Notre dernière sortie dans la région a été consacrée à une promenade à la station climatique de Kaliurang, accrochée à flanc du volcan Merapi : sentiers, forêts, cascades et une bienfaisante fraîcheur au milieu des paysans ramassant leur récolte.

Malgré son attrait culturel, Java n’est pas notre destination favorite, le poids de la religion musulmane y est sans doute pour quelque chose. Après Bali où l’hindouisme fait preuve de raffinement, de tolérance et de respect, Java où l’Islam pèse sur les comportements, il était temps d’expérimenter les îles Florès de confession catholique.

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