Voyage au jardin d’Eden
Située en Afrique de l’Est, au bord de l’océan Indien, la Tanzanie actuelle est née de l’union du Tanganyika et de Zanzibar en 1964, peu de temps après leur indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Deux langues officielles, le swahili et l’anglais. Mais le pays compte plus de 120 ethnies, chacune ayant conservé sa propre langue. Les religions les plus représentées sont le christianisme, puis l’islam et l’animisme. Mais à Zanzibar, 99 % de la population est musulmane. On y trouve certains des plus beaux parcs naturels : le Serengeti, le Tarangire, le Lac Manyara ou le magnifique cratère du N’Gorongoro. Voilà à peu prés tout ce que nous savions de notre destination avant le départ. Mais comment imaginer que ce voyage allait être autant une envolée dans l’espace que dans le temps !
Nous avons découvert un pays splendide et magique. Le safari nous a plongé au coeur des récits de Blixen et Kessel. Après les journées passées dans la chaleur des immenses plaines, nous dormions dans de grandes tentes recouvertes d’un toit en feuilles de palme, ou dans des lodges à la décoration coloniale. Et dès le lendemain, nous parcourions à nouveau les savanes infinies parsemées de baobabs et d’acacias, la jungle humide, les steppes aux herbes folles. Nous avons croisé des animaux sauvages et libres, des troupeaux par centaines, des oiseaux multicolores et des singes terriblement humains. Avec cette certitude de n’être que des visiteurs de passage dans leur royaume.
Enfin, comment ne pas succomber au charme de Zanzibar… Un contraste étourdissant à moins de deux heures d’avion. La romanesque île aux épices est une bande de terre baignée de plages paradisiaques. Cocotiers, sable blanc et eaux turquoises. Notre première impression a pourtant été bien différente, lorsque le dala dala, attrapé à la sortie de l’aéroport, nous a déposé dans un marché fourmillant de monde, dans la forte odeur du poisson séché, déposé un peu partout à même le sol. A la recherche de notre hôtel, il a fallu nous orienter au beau milieu de véhicules en tous genres, femmes entièrement voilées, gamins en uniforme sortant de l’école, poules affolées, et tant d’autres choses qui nous disaient qu’ici nous étions à la croisée de l’Afrique et de l’Orient.
Voici quelques souvenirs de cet inoubliable voyage.
Arusha Park
Premier contact avec la nature Tanzanienne. Safari à pieds escortés par notre ranger Frederick. Dans la région d’Arusha, au nord du pays, ce parc couvre le mont Méru, volcan culminant à 4566 mètres, le cratère Ngurdoto couvert de pâturages, ou fut tourné le film Hatari, et les lacs Momella qui accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux. Le Kilimandjaro, à 60 km au nord-est est visible par temps clair … Ce parc, le plus petit de Tanzanie, abrite pourtant entre autres espèces : buffles, girafes, zèbres, phacochères, colobes, flamants roses… Mais pas de lions ! C’est ici que nous avons rencontré notre premier singe, un singe bleu, très intéressé par notre lunch box.
Le mont Méru a été le théâtre de la guerre entre ethnies Méru et Masai, les premiers ayant repoussé les seconds pour le contrôle de l’eau. Maintenant, il épuise les colonnes de porteurs qui transportent jusqu’à son sommet sacs et vivres pour les trekkers.
La girafe, symbole de la Tanzanie
Notre première rencontre surprise avec le plus élégant et pacifique habitant de la savane. Nonchalante, la girafe semble survoler les plaines. Grâce à la longueur de son cou, elle peut atteindre jusqu’à 5m et se nourrir des plus hautes feuilles d’acacia. La girafe dort très peu, moins de 2 heures par jour. Elle peut ainsi surveiller l’horizon de ses grands yeux qui semblent presque maquillés.
La piste serpente autour de small et big Momella, lacs d’eau salée, qui à certaines périodes de l’année, se couvrent complètement de flamants, aussi roses que les crevettes dont ils se nourrissent.
Roïka Camp
Accueil chaleureux et pur style africain dans ce camp aux frontières du parc de Tarangire (prononcer Taranguiré). Cette nuit là, nous avons entendu des hyènes ricaner autour de la tente. Heureusement, notre escorte Massaï veillait.
Tarangire Park
Le parc fait partie de l’immense écosystème de la steppe masaï. Ici les baobabs abondent, leurs troncs massifs souvent abimés par les défenses d’éléphants en quête de morceaux d’écorce à grignoter. Outre la plupart des animaux de la savane et notamment de très nombreux éléphants, le Taranguire abrite d’étranges sculptures de terre, les termitières, qui ponctuent drôlement le paysage. C’est également ici que sévissent le plus couramment les célèbres mouches tsé tsé. C’est dans ce parc que nous découvrons notre premier Big Five, l’éléphant. Ainsi que cette famille de babouins aux regards si troublants…
Lake Manyara National Park
Ce parc est enchâssé entre la falaise du grand Rift et un lac qui lui a donné son nom. Il est en partie occupé par une épaisse forêt tropicale. Dès notre entrée la piste nous a plongé dans un tunnel de verdure résonnant de chants d’oiseaux et d’étranges bourdonnements d’insectes. C’est un havre de fraicheur traversé par des ruisseaux, où abondent figuiers, acajou, arbres à saucisses, euphorbes… C’est aussi le territoire des singes, dont la concentration est l’une des plus élevée au monde. Singes bleus et gris y pullulent, Tout comme les babouins qui traversent presque sous nos roues par colonies entières, avant de replonger dignement les fesses à l’air, sous le couvert des arbres. Les zones de forêts plus clairsemées et les prairies abritent entre autres girafes et éléphants . Le lac est un sanctuaire majeur pour les oiseaux avec plus de 400 espèces d’oiseaux différentes, dont d’imposantes colonies de flamants roses et de cigognes.
Nya Lodge
De Tarangire, nous rejoignons le Nya Lodge tenu par un mystérieux couple de Serbes tenaillés par le mal du pays. Des centaines de chauves-souris logent également ici et forment un impressionnant spectacle lorsqu’elles s’envolent toutes ensemble.
Ngorongoro Conservation Area
Sur la route du Seregenti, aperçu rapide mais intense du cratère du Ngorongoro que nous ne visiterons que dans quelque jours. Nous pénétrons dans l’aire de conservation du Ngorongoro, territoire des éleveurs Masaï, qui couvre des plateaux et des savanes, ainsi que la totalité du massif du Ngorongoro.
Serengeti National Park
Après deux crevaisons successives durant la traversée de la NCA, nous arrivons aux portes du Serengeti. Second parc animalier d’Afrique, il est connu pour ses deux migrations annuelles de millions de gnous, zèbres et gazelles de Thomson. Nous avons deux jours pour observer la multitude d’animaux qui vivent ici et nous laisser griser par l’immensité de ses plaines infinies.
Les Big Five
Ce sont les fauves les plus craints et respectés par les chasseurs : le lion, l’éléphant, le rhinocéros, le buffle et le léopard. Ce dernier est un animal très discret, difficile à approcher qui se camoufle dans les arbres. Grâce à notre guide Rénatus, nous avons eu la chance d’en admirer un … de loin.
Robanda Camp
L’Afrique, telle que nous l’avions rêvée. Un simple camp de toile au milieu des étendues de hautes herbes, sous un soleil éblouissant.
Les lions en chasse
Vu du Land Rover, les lions semblent paisibles et presque… inoffensifs. Ce n’est évidemment qu’une impression. Nous avons pu nous en convaincre en voyant une douzaine de lionnes affamées attaquer un buffle imprudemment éloigné de son troupeau. Le combat pour la vie est terrible et sans merci.
Au revoir au Serengeti
Après avoir croisé les deux protecteurs historiques du Serengeti, nous quittons cet endroit mythique avec un pincement au coeur et une seule envie : revenir pour suivre la migration des gnous jusqu’à la rivière Mara.
La migration des gnous
Des milliers de gnous s’assemblent en grandes hardes et, en quête de nouveaux pâturages, parcourent des centaines de km du Serengeti vers le Kenya. Ultime étape avant d’arriver au Masaï Mara, la rivière Mara voit ainsi des colonnes de plus de 40 km de long plonger dans ses eaux infestées de crocodiles. Puis les gnous reprendrons le chemin du retour vers les plaines du sud.
Descente dans le Ngorongoro
Le cratère du Ngorongoro est une caldeira de 260 km2 dont la création a été causée par l’éruption d’un volcan il y a plusieurs millions d’années. C’est un endroit merveilleux, une sorte d’Eden pour les animaux qui semblent coupés du reste du monde.
Nous entrons dans ce paradis en descendant par une piste abrupte qui nous offre un spectacle impressionnant. En bas, nous tombons directement au beau milieu d’un imposant troupeau de zèbres. Sensation de retourner aux origines du monde. Nous passons de longues minutes à observer deux rhinocéros, une mère et son « petit », qui s’acheminent pesamment vers nous. Une brève pluie dans un coin du cratère, le soleil jamais loin sous les nuages, les reflets argentés du lac, la couleur des flamants, donnent une lumière particulière à cette journée magique.
Tout au long de notre safari, nous avons pu admirer une importante variété d’oiseaux. autruches, rapaces, échassiers… Nous avons particulièrement remarqué le paresseux qui, contrairement aux autres, attend patiemment le bec ouvert dans l’eau, qu’un petit poisson veuille bien se laisser attraper. Et ça marche !
Enfin, cette dernière journée de safari nous a permis de rire encore aux facéties d’une famille de phacochères, de contempler de très près la digestion d’un jeune lion et d’observer une fois de plus et sans nous lasser, buffles et gnous.
Zanzibar
Stone Town
Stone Town est un endroit unique. Un lieu mystérieux, magique, figé dans un autre temps. Ici, loin des grandes plaines, la chaleur est étouffante et le dédale de ruelles bouillonnant de vie. Au hasard de nos déambulations, nous découvrons des bâtiments décrépits mais pleins de charme, des échoppes et des temples indiens, des maisons coloniales, des minarets, et des portes sculptées comme de véritables oeuvres d’art… Fred a subitement ressenti le besoin de se raser. Dans le quartier de Shangani, nous avons dégoté un barbier qui officie au fond de son épicerie.
Ici comme dans le Nord, nous avons aussi entrevu la pauvreté des Tanzaniens et les difficultés de leur vie quotidienne. Dans les villages, les maisons sont en torchis, sans électricité ni eau courante. Les abords de la vieille ville de Stone town ressemblent à un bidonville. Malgré tout, il y a eu presque toujours un sourire ou un « karibu sana » pour nous.
Le dala dala pour Jambiani
40 mn mais 40$ pour traverser l’île. Aussi, nous préférons tenter le dala dala pour seulement quelques shillings… 3h30 de pistes dans un véhicule grinçant, entassés les uns sur les autres. Les arrêts sont incessants et des kg de marchandises menacent de nous tomber sur la tête. L’arrivée est une libération !
Le Coco Beach
Au Coco Beach nous rencontrons Alyssa qui s’occupe de ces quelques paillotes pour Robinsons. Ex punk, ex tourneuse pour une salle de concerts à Bruxelles, elle est venue commencer une nouvelle vie à Zanzibar. Bayou, originaire du village voisin de Makunduchi, travaille également ici. Grâce à lui nous apprenons tout sur l’art de découper une noix de coco.
Nager avec les dauphins
5h du matin. RDV parmi les pêcheurs, sur la plage de Kizimkazi à la pointe sud de l’île. Nous grimpons dans la petite barque d’Ali et nous lançons à la recherche des dauphins dans la lumière grise de l’aube. Nul aileron à l’horizon… mais le spectacle du lever de soleil vaut à lui seul le déplacement. Et soudain ils sont là, bondissant autour de notre embarcation : toute une famille de dauphins avec un bébé ! « Go, go, go !!! » Il faut sauter très vite dans l’eau sombre et les vagues si l’on veut avoir une chance de faire quelques brasses en leur compagnie. Le jour complètement levé, d’autres bateaux arrivent. Il est temps de retourner au Coco Beach prendre un bon breakfast.
L’or vert des femmes de Jambiani
A marée basse, les femmes de la côte Est travaillent, assises dans l’océan. On les voit aussi trainer de lourds fardeaux derrière elles. Elles se consacrent à la culture des algues qui leur assurent une certaine indépendance économique. Une fois séchées, ces algues sont vendues, notamment aux japonais qui en sont très friands.
Dernières heures
Difficile d’abandonner la chaleur et les eaux claires. Encore un dernier bain avant de refaire le long périple qui nous ramènera à Paris, en transitant par Addis Abeba.